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AA-Francophonie
Groupe des Alcooliques Anonymes
tenant des réunions fermées par courriel
sur le mode de vie, les étapes et les Traditions



Réflexions de nos membres


Dieu, tel que je le conçois

Au cours de mon rétab, j'ai souvent changé ma conception de Dieu et je sais que ma façon de le concevoir changera encore. Pour rester simple sans être trop simplet, je dirais que je ne sais même pas si je crois en une puissance supérieure mais ce qui est sûr, c'est que j'en ai vraiment besoin parce que j'ai déjà prouvé et à plusieurs reprises, que j'étais complètement cinglé. A part ça, au cours d'un atelier sur la spiritualité, j'avais dit que quand on utilisait l'expression "Dieu, tel que je le conçois", le mot "Dieu" bloquait le cerveau de la plupart des gens et qu'ils n'entendaient carrément pas le "tel que je le concois" qui suivait.

A.

Quand je suis arrivée chez les AA, j'étais vaincue, j'étais à bout. J'étais « mûre » pour faire tout ce qu'on me disait. On m'a dit de ne pas prendre le premier verre, je ne l'ai pas pris. On m'a dit que ça devait être un jour à la fois, j'ai banni le mot « demain » de mon vocabulaire et de mon esprit. On m'a dit de prier, j'ai prié. J'ai entendu que si je ne croyais pas, il me suffisais dans un premier temps de faire semblant, et que le reste suivrait. J'avais la « foi du charbonnier » : j'y croyais dur comme fer. J'ai laissé entrouverte la porte de la bonne volonté. J'ai arrêté de couper les cheveux en quatre, j'ai arrêté de dire que mon cas était différent. Je picolais 2 bouteilles de whisky par jour, et j'étais au fond d'un gouffre, j'avais en face de moi des personnes abstinentes et heureuses (pour ça et pour tout un tas d'autres choses), et j'ai voulu devenir comme elles ! Je ne me suis pas posé de questions à savoir si Dieu était chrétien ou musulman, juif ou bouddhiste . j'ai TOUT pris. Et vous savez quoi ? ça a marché !

B.

Vivre sans alcool, moi ?

Pour ma part, je n'ai jamais fait de prison, ni fait d'accident de voiture, ni manqué de nourriture, ou manqué d'un abri ni me mettre ivre pendant plus de 24 heures à la fois, ni me séparer, ni être violent etc... dans ma consommation....Je croyais qu'un alcoolique n'était pas capable de garder de la boisson dans sa maison car il la buvait toute à mesure. Je pensais qu'un alcoolique allait souvent à l'hôtel, et oubliait d'entrer chez lui, de temps en temps... Je ne croyais pas être alcoolique à cause de toutes ces raisons.

Mais, je ne pouvais pas vivre sans alcool...Je consommais tous les jours depuis les 20 dernières années... J'aimais le goût, et l'effet... J'étais bien avec de l'alcool dans mon corps... Je changeais tout de suite, ça me donnait de la joie, de l'énergie, ça m'enlevait mes souffrances, ça me dégênait, et ça me rendait de bonne humeur.

Oui, pourquoi est-ce que je devais arrêter de boire lorsqu'il y en avait plusieurs qui étaient pire que moi...

J'ai réalisé, lorsque je suis allé en thérapie l'an passé, que j'avais un méchant problème, et que j'étais en train de me détruire complètement... De plus en plus, la boisson, ça m'en prenait de moins en moins pour être ivre et j'en prenais autant quand même... Je ne diminuais jamais mon montant de consommation de tous les jours... Mon foie, l'intérieur de mon corps était moins capable de filtrer la boisson comme lorsque j'étais plus jeune...

Alors tout s'enchaînait, je consommais, parce que j'étais malheureux, perdu l'estime de moi-même depuis plusieurs années, très dépressif. Je vivais beaucoup de honte, de culpabilité, de la colère, j'étais malhonnête envers moi-même, j'étais en train de tout foutre en l'air, surtout les 40 années avec mon épouse...

Comme dit la littérature, ce n'était plus une insulte pour moi, que j'étais moins pire que bien d'autres et que je devais arrêter de consommer..

M.

Rêve d'alcool

Après bien des années sans consommer il m'est arrivé de rêver que j'étais en plein dedans ...

Lors du réveil je me sentais complètement démoli comme si j'étais sur le lendemain de la veille ... Il m'a fallu un certain temps à réaliser que ce n'était qu'un rêve tant j'étais perturbé.

Ce qui m'a vraiment étonné c'est le côté "réaliste" de ce genre de rêve et cela m'a fait prendre davantage conscience qu'en un coin de mon cerveau la maladie ne fait que sommeiller et peut revenir au devant de la scène avec un force surprenante !

H.

Moi, c'est pas pareil !

Nous avons un thème que nous aimons commenter "Moi c'est pas pareil !"

En effet, notre histoire n'est jamais tout à fait la même que celle d'un autre mais il apparait que, quelles que soient les apparences et les comportements que l'alcool induit chez nous, il y a un point commun : l'alcoolisme est une maladie.

Cette maladie te pousse à avoir des comportements qui ne te plaisent pas, parce que quand tu te comportes mal, tu sens que ce n'est pas toi, mais une espèce de saloperie qui te pousse à agir mal. C'est une maladie... Il faut bien comprendre cela... Tu n'es pas responsable de cette maladie... Par contre tu peux regretter que cette maladie t'entraîne à avoir un comportement que tu juges malsain, irresponsable, dangereux pour les autres.

Mais, franchement, te viendrait-il à l'idée de critiquer le comportement de quelqu'un qui est diabétique, ou paralysé, ou malade de la thyroïde... Je connais quelqu'un qui a des problèmes avec cette glande et qui lui fait changer d'humeur en un rien de temps, sans le vouloir. Elle peut devenir très agressive et regrette ensuite de n'avoir pu se contrôler. Ce n'est pas elle qui ne peut se contrôler, c'est sa maladie qui la pousse, qui l'oblige à avoir un comportement qu'elle ne voudrait pas.

On peut aussi parler des dépressifs qui ont envie de faire plein de choses et qui ne peuvent pas, du fait de leur maladie. Je connais.. j'ai ce tempérament dépressif et je sais aussi que quand je ne suis pas malade de la dépression, je suis très actif et très enthousiaste. J'ai appris à déculpabiliser car la maladie dépressive, ce n'est pas moi.

L'alcoolisme c'est pareil. C'est une maladie qui me pousse à faire des choses que je ne veux pas faire. Ce n'est pas moi.

J.-C.

Tout dire ?

Pour ce qui est des partages dans les groupes, je pense aussi qu'il faut rester réservé sur des points très personnels et précis. On peut partager son vécu et son expérience sans pour autant raconter tous les détails de notre expérience. J'ai eu du mal à trouver la bonne façon de dire au début de mes réunions AA. Je ne parlais pas, je n'osais pas, je ne savais pas très bien où je devais commencer et où je devais m'arrêter. Peu à peu j'ai trouvé ma formule et je pense que j'arrive à exprimer des choses suffisamment personnelles pour apporter une sorte d'expérience sans me livrer trop en patûre pour certains esprits qui ont parfois encore quelque chemin à faire ...

Même chose à l'extérieur du mouvement où je ne me dis AA qu'aux personnes en qui j'ai confiance. Je crois qu'il est important de se protéger.

J.

Croire qu'une Puissance supérieure pouvait me rendre la raison

Le programme des AA a fait écho chez moi car je pense qu'il a répondu à la recherche de sens à la vie qui m'anime depuis bien longtemps, et qui n'a jamais vraiment cessé, y compris dans mes périodes d'athéisme virulent. Y compris, comme le disent parfois certains AA, quand je cherchais dans la bouteille, une connexion à quelque chose, à quelqu'un, bref, quand je cherchais à donner du sens à ma vie y compris, et aussi délirant que cela puisse paraitre dans l'autodestruction.

Pour croire qu'une Puissance supérieure pouvait me rendre la raison, j'ai d'abord du croire qu'il était possible de ne plus boire d'alcool et cela m'a été démontré par les témoignages vivants, concrets, des amis AA que j'ai rencontrés dans les réunions. Sans ces témoignages concrets et vivants, j'en serais peut-être encore à me triturer l'esprit et le mental, tout seul dans mon coin. J'ai cru que c'était possible et que cette force d'entraide et de partage dans les groupes disait peut-être quelque chose de la Puissance supérieure, de Dieu. Le Dieu que je conçois s'exprime dans le concret de la vie, dans le vivant. Il n'est pas un être tout puissant, sans cesse illuminé, éloigné, et trônant pour juger le monde. Il est ici bas. Il n'a pas la vie facile tous les jours. Il a des factures à payer... Mais il dit aussi que l'on peut vivre joyeusement, simplement, sobrement et prendre plaisir à la vie. Il a de multiples prénoms, qu'il a accumulé dans l'Histoire. Dans la mienne, d'histoire, il porte des prénoms de saints et de membres de AA.

Parfois, quand je m'assois dans mon fauteuil, que je me contente d'être à l'écoute de ma respiration, de mes sensations, quand je me tais pour me mettre à l'écoute de la vie qui est là, je me dis que cette Puissance supérieure, c'est tout simplement cette vie qui se donne en permanence, doucement, dans le silence, laborieusement mais gratuitement. Je ne suis pas Dieu, mais Dieu s'exprime en moi, à travers moi, à travers mon corps, mes pensées, mes émotions, mes rêves etc...

Pour moi la PS est moins un objet de savoir et de connaissances, qu'une intuition, un ressenti, quelque chose de l'ordre d'une présence bienveillante, comme on sait l'être dans les réunions, notamment au moment d'accueillir le nouveau qui ne sait plus où il en est. Et je sais que cette présence bienveillante est indispensable aujourd'hui pour moi, aussi indispensable que boire et manger.

B.

Le grand ménage intérieur

Je me rappelle qu'au début de mon abstinence, je voulais faire ce grand ménage. M'étant "nettoyée" de l'alcool, je voulais aussi me "nettoyer" de tout ce qui n'allait pas chez moi pour entamer ma nouvelle vie propre comme un sou neuf.
Ça ne s'est pas fait.
Et effectivement, je ne crois pas que cela puisse se faire ainsi, comme on passe un coup de torchon.
Mes prises de conscience nécessaires se sont faites au moment où j'étais prête à les accueillir et dans un bon ordre.

J'ai sûrement encore bien des choses à réaliser. L'important, je crois, est de rester ouvert et attentif pour pouvoir se poser les questions qu'il faut et pour progresser.

La vie est une école. Elle nous donne des leçons au moment où nous sommes murs pour les écouter. Parfois, elle répète jusqu'à ce qu'on comprenne. Mais dans ce domaine non plus, on n'est pas maître de tout.

J.